Au
mois de mai, surtout vers le milieu du mois, alors qu'on est censé avoir
passé les fameux Saints de Glace (St Mamert, St Pancrace et St Servais,
qui ont été remplacé par Estelle, Achille et Rolande) on se dit qu'il
va faire doux, surtout si on descend au Sud, par exemple vers Salamanca.
C'est ce que je m'étais dit. Alors ma valise contenait deux tshirts
à manches courtes, deux à manches longues, un pantalon de rechange,
un kway. J'avais sur le dos comme nous partions de nuit, un petit blouson
de cuir.
A Salamanca il faisait 7°… j'ai donc empilé les vêtements : un tshirt,
les deux à manches longues, le blouson ET le kway. Bon ceci dit, à part
le froid, c'était un week-end génial !
Embarquement
à minuit et demie, puis le bus part des arènes du Moun, je ferme les
yeux, j'essaye de dormir. Rien à faire. Pedro nous lit la liste des
qualifiés pour le voyage à Salamanca, nous sommes 38 +
les deux chauffeurs. Je regarde dehors, je ne reconnais rien, ah si,
le rond-point du toro… Comment ça, presqu'une heure qu'on roule et nous
sommes toujours au Moun ? Oui, car une personne a oublié son porte-monnaie.
Oh purée, ça me fait penser que moi aussi, et en plus ma carte bancaire
! Mais je ne l'ai pas laissé dans la voiture, je les ai laissé chez
moi. Heureusement les billets retirés la veille sont dans ma poche.
Et puis je me dis que ma banquière faisant partie du voyage, elle pourra
peut-être me faire une avance si j'ai besoin…? (toujours voyager avec
son banquier, leçon 1)
Au
moment du petit-déj casse-croûte il fait tellement froid dehors, qu'une
fois l'arrêt-pipi à la station, nous déjeunons dans le car. Croissants
et chocolatines, jus d'orange, café, chocolat, tout est prévu, l'organisation
est top !
A
Salamanca nous nous arrêtons devant les arènes, et nous descendons regarder
les toreros qui sont statufiés devant : El Viti, avec une grosse tête
et de longs bras ; Julio Robles formidablement ressemblant, et El Niño
de la Capea, qui, si je ne m'abuse n'est pas (et heureusement) encore
mort… La porte des cuadrilla est très originale et met un peu de couleur
dans la grisaille ambiante. Ah oui, car en plus de faire froid il bruine…
Nous passons par le bas de la ville, et un habitué de Salamanque nous
fait la visite guidée au micro, c'est très bien. Vraiment top l'organisation
Peña Lescarret !
Installation
à l'hôtel, là j'ai tiré le gros lot : une colocataire qui ne fait que
ronchonner ! Vu que je suis adaptée pour la survie en milieu hostile,
pas de blem, je ne réponds que le strict minimum, et je laisse couler.
Je lui tire sa grosse valise depuis le bus jusqu'à l'ascenseur, je monte
les étages à pieds, puis elle me dit " vous n'avez que ça comme bagage
? " Ben oui, moi je ne suis là que pour trois jours ! En plus une fois
que j'ai eu mis tous mes vêtements sur moi, le sac était encore plus
léger !!!
Nous mangeons au restau de l'hôtel, ce qui permet de se grouper par
affinités et de faire connaissance. En fait comme je suis venue seule,
je me greffe avec des gens qui ont l'habitude de voyager ensemble, ça
fait un petit groupe de 5, c'est suffisant, au delà ça fait troupeau
qui débarque.
L'après-midi
nous partons donc à 5 dans les rues de la ville, surtout que ma coloc
m'a aimablement prévenu qu'elle allait faire la sieste et qu'elle comptait
dormir, vu que je l'avais perfidement prévenu que je ronflais la nuit,
surtout quand j'avais bu...
Salamanca…
c'est waou…. Y'a pas de mot… C'est grandiose, des bâtiment imposants
à tous les coins de rues, des détails, des bas-reliefs, des statues,
des églises, des colonnes, des… Le regard ne sait où se poser, pour
tout voir il faudrait y rester des semaines… Un matin j'ai fait le tour
de la Plaza Mayor (une des plus belles plaza mayor d'Espagne) rien que
pour regarder les visages sculptés qui représentent les rois, les religieux,
les écrivains importants… Il n'y a pas beaucoup de femmes, mais il y
en a une qui s'appelle Isabel…
Donc
on a marché dans les rues pleines de touristes jusqu'au pont romain,
et puis on est revenu par une autre route, tout en admirant des trucs
et des machins partout… Vraiment de l'architecture plein les yeux!!!
Le
soir on a bu quelques verres dans un bar, avec quelques tapas, Julien
Lescarret était là, il faisait bon, on était bien. Puis les autres ont
voulu aller manger, mais perso vu que je n'avais pas faim et que j'avais
sommeil, j'ai filé au lit, il était 22h. Je sais, je suis pire qu'une
mamie !!!
Le
lendemain, petit tour au marché, tout près de l'hôtel, qui lui même
est prêt de la Plaza Mayor. Fabuleuses cochonnailles étalées partout,
des langues, des museaux, des estomacs, des cochons de lait, des fruits…
Un marché espagnol c'est un théâtre vivant. Petit tour aussi à la "
boutique du torero ", très petite boutique très encombrée de fanfreluches
de robes à bata de cola, de costumes de campo ou de lumières, de chaussures
pour danser ou toréer, d'épées factices…
Puis
nous sommes partis à Ciudad Rodrigo, où nous devions manger avant d'aller
voir Julien Lescarret tienter chez Adelaïda Rodriguez. On nous dépose
dans la ville basse, où nous entrons dans le premier supermarché afin
de comparer les vins, les charcuteries car il faut faire des achats
pour le pique-nique de samedi soir. J'en profite pour prendre des paquets
de rosegones car mon fils adore ça (si vous passez par l'Espagne, ramenez-nous
un paquet de rosegones, ça fait toujours plaisir !) Après un petit café/thé
dans un bar peu cher (1€) par rapport à la Plaza Mayor de Salamanca
(2,7€) nous entreprenons l'escalade vers ce qui nous semble être une
église sur la colline.
Arrivés
en haut nous nous rendons compte de la méprise : la vieille ville est
là, derrière ses remparts ! Et elle est magnifique !!! Nous marchons,
levons la tête, et partout des vieilles pierres, des statues, des bas-reliefs,
des églises, des trucs et des machins… Waou….
On fini dans un bar typique qui fait dégustation de jambon, tandis que
tous les autres sont agglutinés dans le même bar. Bon ok, Julien Lescarret
est là-bas avec eux… Le jambon est super bon, le vin aussi, le fromage
également, et le pain j'adore !!! Ils font un pain avec une croûte dure
et une mie toute serrée à l'intérieur, délicieux. En sortant, je me
rends compte que j'ai la tête qui tourne, il était costaud le rouge
! Nous décidons alors d'acheter un distributeur de serviettes en papiers
comme on en trouve dans les bars à tapas. Première droguerie, le patron
nous indique la pharmacie en nous disant de demander " kleenex ". Bon,
c'est pas pour dire, mais j'ai du mal me faire comprendre… Pourtant
le vin m'a bien délié la langue… Deuxième droguerie, on nous indique
le " bazar chinois ". Bazar Chinois… hou c'est le bazar !!! Je demande
à la chinoise, elle appelle son mari, et paf, il nous trouve le distributeur
! Génial ! Mais la dame qui le voulait ne le veut pas, car il n'est
pas publicitaire… Heureusement il intéresse quelqu'un d'autre !
Nous
arrivons au restau, on s'installe. Là on a eu quelques plats typique
: une purée rouge qu'on croyait pleine d'épices (curry, curcuma) et
qui en fait est faite avec le jus qui coule de la plancha quand on fait
cuire le chorizo (enfin le gras quoi !) avec des morceaux de lard grillé
dedans. Pas mauvais. Une revuelta avec du fenouil, qui donnait un goût
anisé : œufs + anis, c'était spécial, la plupart n'ont pas aimé, moi
j'en ai mangé, je ne peux pas dire, c'était ni bon ni mauvais… space
?
En
sortant nous sommes partis à la ganaderia d'Adelaïda Rodriguez. Le bus
a commencé par faire tout le tour de la propriété, qui est immense.
Heureusement qu'on avait le bus, parce qu'il faisait vraiment froid.
On a vu des chiens, des cochons noirs, des vaches, des petits, des toros…
plein, partout !!!!
Puis
Julien devait tienter avec Ivan Fandiño, alors ils se sont partagé les
4 becerras. J'en ai regardé une en plein air et les trois autres depuis
le bus garé près de l'arène. C'était chauffé, on aurait dit des loges
de luxe !!! Retour à Salamanca, passage à l'hôtel, où ma coloc me demande
à quelle heure je comptais me coucher… Ben j'en sais rien, il était
21h30 et nous n'avions pas mangé…
On
part dans la ville, on trouve un restau. Ils nous proposent de nous
faire goûter les différentes spécialités. Langue fumée, croquetas, salade,
olives énormes, revuelta sans fenouil (meilleur !!!). C'était vraiment
délicieux, quoiqu'un peu cher pour l'Espagne : un peu moins de 30€ par
personne.
Après, alors que j'avais les dents du fond qui baignaient, certains
ont proposé d'aller boire un verre… Franchement je n'aurai rien pu avaler
de plus… Direction le lit ! Et puis il était une heure du mat'…
Je
me suis réveillée parce que j'ai entendu rire dans le couloir. Il était
8h45. Ma coloc elle aussi c'était endormie, ne pensant plus que le samedi
son réveil ne sonne pas ! Ben tant mieux ! Elle se douche, puis moi,
petit déj, petit tour de la Plaza Mayor où certains prennent le petit-déj
local : chocolate con churros. J'y aurai bien goûté, mais manger chaud
le matin me tourne l'estomac pour la journée, et donc non…
A l'hôtel par contre on ne risquait pas l'indigestion, puisque là où
la plupart des petits déjeuners sont sous forme de buffets, celui là
était servi : un morceaux de pain, un paquet de 5 biscuits, un mini-cake,
beurre et confiture, puis du chocolat OU du café OU du jus d'orange.
Une personne a bien essayé de troquer ses biscuits contre un jus d'orange,
mais le serveur n'a rien voulu savoir… Lavage des dents, on plie bagage,
on met tout dans le bus, on attend le dernier qui dort dans le canapé
d'un salon de l'hôtel, et nous partons.
Direction
le village de Llen, où il n'y a qu'une maison, celle de la ganaderia
de Charro de Llen. Nous attendons, nous exposant au soleil dès qu'il
se montre entre les nombreux nuages moutonneux. Puis les mayorals sont
arrivés (heu… un mayoral des mayoraux ?) à cheval, puis ils ont pris
le pick-up, ils croyaient qu'on pourrait tous monter dedans, mais nous
étions 40… donc ils sont allés chercher la remorque. Ah la remorque
!!! La remorque c'est le top pour aller au campo !!! On est au grand
air, on sent tous les trous du chemin, ou bien on passe là où il n'y
a pas de chemin, le chauffeur dans son tracteur fait exprès de passer
sous les arbres pour nous faire baisser la tête, et quand on est debout
à regarder, il donne des à-coups afin qu'on perde l'équilibre ! Des
petits farceurs ces mayorales !!! Alors on bourre le pick-up, on bourre
la remorque, on se partage cul à cul les bottes de paille pour s'asseoir,
les autres s'assoient sur le rebord, et on part ! On a du y passer plus
d'une heure et demie, ils nous ont tout montré… C'était fabuleux, une
ambiance festive, un paysage magnifique, des animaux partout, des chênes
verts… Le campo c'est magique !!! Un camion attendait, on a même assisté
à un embarquement de novillos : l'organisation est vraiment top de chez
top à la Peña Lescarret !!!
A
Vecinos nous nous sommes arrêtés chez Pacheco, un bar taurin célèbre,
dont la décoration est presque entièrement dédiée au torero Julio Robles.
Puis nous sommes arrivés au restau. Et là, alors que nous étions presque
à l'heure les musiciens ont déballé les instruments pour un concert
improvisé !
A
15h les serveurs ont tout de même commencé à servir une assiette de
charcuteries impressionnante par personne, en fait ce qu'on mange à
4 en prenant l'apéro… On a tout mangé quand même ! Puis la purée rouge
au jus de chorizo, meilleure que la veille, avec des morceaux de patates
assez gros dedans, et des morceaux de lard grillé plus gros aussi. Et
le cochon de lait… ça c'est quand même un truc fabuleux… Impossible
d'en reprendre, je n'avais plus faim (pourquoi j'avais mangé toute la
charcuterie aussi ? le prochain coup je prendrais un tupperware !) Puis
le concert a continué, avec même un Paquito dans la salle de restau.
En même temps les Espagnols ne sont pas fous, ils nous avaient mis dans
une salle à part, rien que pour nous, sachant que nous allions faire
un boucan d'enfer…)
Nous
sommes partis en retard, et arrivés en retard, et les mayorales de Hoyo
de la Gitana nous attendaient… c'est sûr ça le fait pas de les faire
attendre ! Déjà qu'ils font visiter gratos, si en plus on est à la bourre
un samedi… Sur les deux, il y en avait un relativement jeune (ben oui,
à croire qu'ils ont tous 70 ans, un visage buriné, une clope coincée
au coin du bec et une casquette) plutôt mignon, avec des jolies dents
blanches… Hummm… Nous avons visité le campo en bus, en roulant dans
l'herbe, avec les deux types dans le bus (non non, y'en a pas un qui
a fait approcher le bétail avec le 4x4) comme j'avais pas un bon karma
avec mes colocs dans ce voyage, c'est le vieux qui est venu s'asseoir
à coté de moi… purée pas de bol !!! C'était sympa, on a vu les vaches
et les petits courir pendant un bon moment devant le bus, avec nous
dehors les pieds dans l'herbe, et puis on c'est approché de la clôture
des novillos et des toros. On les a vu d'un peu loin, mais le vieux
nous a expliqué que le terrain était humide et qu'il ne voulait pas
faire embourber le bus et ensuite sortir le tracteur… Oui, bon, tant
pis, on avait qu'à être à l'heure nous aussi !
19h
démarrage du car, direction Francia ! A 21h nous avons trouvé une station
service avec des tables de pique-nique : super ! En plus tout était
ensoleillé, et heureusement, parce que quand le soleil s'est couché,
ça recommençait à cailler !!! On a mangé du jambon, du chorizo… En fait
en trois jours j'ai mangé davantage de charcuterie que pendant six mois
chez moi !!! Et puis j'ai coupé le fromage (mes amis savent combien
je suis maniaque dans la coupe du fromage) et puis j'ai pris une mandarine
délicieusement juteuse : tient un fruit, trois jours que je n'en avais
pas vu !!!
Et
puis les gentilles hôtesses de bus nous ont donné les conseils de sécurité,
et puis on a roulé, dormi en roulant, et à 3h30 j'étais dans mon lit
!
Super
week-end, la prochaine fois qu'on fait une sortie au campo j'amène mon
fils !!!
isa
du moun
Merci
à ma banquière (oui oui, elle m'a avancé du blé!)
à ceux qui m'ont supporté durant le voyage, à Pedro,
Paco, Laurence, les deux chauffeurs, tous ceux qui ont contribué
à ce voyage et à sa bonne organisation...